Lucie et son expérience digital nomad à Maurice

Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots et nous expliquer comment l’expérience télétravail a commencé pour toi ?

Bonjour, je m’appelle Lucie et j’ai 26 ans. Je voyage depuis 2019 et depuis 2021 je suis en télétravail. Je suis actuellement à l’Ile Maurice, à Pointe d’Esny en télétravail. Je suis salariée en full remote dans une startup française qui se nomme Mark Copy.

J’ai découvert l’île Maurice en 2019. En 2020, suite au confinement j’ai été forcée à télétravailler. J’ai commencé par du télétravail partiel dans une compagnie mauricienne fin 2020, début 2021. Je suis ensuite rentrée en France pour monter ma boîte de freelance et à partir de là, j’ai commencé le full remote. J’ai ensuite été employée chez Markcopy et je suis depuis une salariée en 100 % télétravail.

J’ai fait une demande de Visa Premium il y a 8 mois environ et je l’ai obtenu très rapidement. Ce visa est renouvelable plusieurs fois même si je pense qu’il est plus judicieux de demander la citoyenneté au bout de 10 ans de renouvellement.


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As-tu déjà expérimenté le travail traditionnel associé à un bureau physique avec des collègues ?

J’ai fait ma dernière année de master en alternance dans un bureau. Quand je suis partie à l’Ile Maurice, j’étais également dans un bureau pendant 6 mois, en présentiel. Je devais me rendre tous les jours au bureau. Mais après j’ai commencé le full télétravail. Donc en moyenne trois quarts du temps de base de mon expérience professionnelle, jusqu’à maintenant, elle est en télétravail. Je garde un vague souvenir de cette période de bureau. Je suis vraiment à fond dans le télétravail actuellement.

L’entreprise où tu es actuellement, a-t-elle des bureaux ?

Non, c’était bien indiqué sur la fiche de poste que j’allais être en télétravail à 100 %. Nous n’avons pas du tout de bureaux et travaillons tous à distance.

Il n’y a pas de bureau à proprement parler en France. Les fondateurs ont quand même fait  quelques mois à Station F à Paris au tout départ, mais c’était vraiment très peu. L’idée du modèle est venue parce que l’un des cofondateurs voulait partir à Taïwan rejoindre sa copine, pour l’anecdote. Du coup, c’est comme ça qu’ils se sont dit autant faire une boite en full remote puisque de toute façon on ne va jamais se voir. Donc en fait, l’idée du full remote à la base elle est venue comme ça.

J’ai vu mes patrons pour la première fois deux mois après mon embauche. Je ne les avais jamais vus avant. Cela a pu me montrer que mes responsables avaient totalement confiance en moi. J’ai reçu un ordinateur chez moi alors qu’ils ne m’avaient jamais vu. Donner du matériel, et accorder autant de confiance à son salarié, c’est assez fou.

Comment t’est venue l’idée de travailler à distance ?

Quand j’ai monté mon activité en freelance, il n’y avait aucun intérêt d’avoir un bureau et surtout pas le budget pour ça. Donc je suis restée cloîtrée dans ma chambre, chez mes parents pendant quelques mois. Et c’est là où j’ai réalisé que j’étais faite pour le télétravail. Pour moi, avoir un bureau, ça peut avoir des intérêts pour voir du monde tous les jours. Mais moi, au quotidien, ça ne m’apporte pas forcément grand chose. Je préfère être à un endroit où je sais que je peux vivre ma vie. Parce que ma priorité, c’est plus de savoir où je vais être par rapport à ma vie plutôt que où je vais être en fonction de ma boite et de mes collègues.

Après mon expérience de freelance, j’y ai pris goût. J’ai vu que j’étais très productive. J’ai vu  aussi les inconvénients au début surtout. Mais maintenant je vois le positif, le gain de temps qu’on peut avoir.

Comment t’est venue l’idée de partir à Maurice ? Un coup de foudre lors d’un voyage ?

C’est un peu ça en fait. Je suis arrivé à Maurice après mes études en 2019, un peu par hasard. Je me suis dit que j’allais partir travailler peut-être six mois en mode aventure. Et finalement, la destination et le télétravail m’ont beaucoup plu. Le covid est arrivé six mois plus tard. C’était soit je rentrais et du coup l’aventure à l’étranger se terminait là, soit j’essayais de rester par plusieurs moyens. Et au final, je suis restée.

Je suis quand même rentrée en France 1 an et demi l’année dernière. Parce qu’après le covid, et 2 ans sans rentrer et voir la famille, ça devient un peu long. Quand j’ai eu ce poste chez Mark Copy, je me suis dit “bon, maintenant tu peux travailler partout dans le monde où tu peux, où est ce que tu vas ?”. Et j’ai beaucoup hésité entre retourner à Maurice ou partir autre part. Mais c’est vrai que j’avais besoin de retourner à Maurice et de revoir mes amis.

Cela faisait deux ans que je n’étais pas rentré, donc j’étais partie mais en me disant que ce n’était pas fini. Et en fait, ça ne sera jamais fini parce que maintenant Maurice est devenu mon pied à terre.

Comment gères tu le décalage horaire de manière générale avec tes collègues ou avec les clients, que tu peux avoir ?

Plutôt bien comme nous sommes libres sur nos horaires. Chez Markcopy, nous ne sommes pas obligés de rester sur tel ou tel fuseau horaire. Nous sommes libres de vraiment gérer notre emploi du temps comme nous le souhaitons. Imaginons que j’ai un client qui va m’appeler pour lui à 18 h le soir, il sera 20 h à Maurice. On peut tous très facilement s’adapter. Notre commercial travaille beaucoup avec la France et beaucoup avec les clients français. Lui, il est en France, donc ça ne pose pas de souci.

Concernant les collègues, l’un des fondateurs de Markcopy est à Taïwan ou un autre à Bali. Comme ils sont plus dans le service Tech et nous dans le marketing, nous n’avons pas besoin de faire de réunions régulières ensemble. Parfois, il arrive deux mois sans que l’on se parle. Nous utilisons beaucoup Slack. C’est un outil incroyable quand les personnes d’une entreprise ont des fuseaux horaires différents. À partir du moment où on nous dit qu’on est libre sur nos horaires, on peut vraiment s’arranger comme on veut. Donc je pense que ça devient compliqué à partir du moment où on dit aux personnes qu’elles peuvent faire du télétravail partout, mais tout en se calant sur les horaires de chacun. Là, ça devient même presque plus compliqué. Donc je pense que là, le fait d’être libre et le fait que chacun se gère comme il souhaite, permet à tous de s’adapter en fonction des autres. Et d’être assez disponible.

On est huit seulement dans l’équipe, donc ça facilite aussi la tâche. On est quasiment tous tout seul dans le département. On fait tous un peu les tâches des uns et des autres.

Tu as quand même un taux horaire à faire par jour ou tu travailles à la mission ?

C’est surtout selon ce que j’ai à faire, sans trop prévoir de tâches pour ma journée bien sûr. Parce qu’en soit dans une entreprise, on peut toujours en faire plus. Donc c’est là où justement aussi c’est assez complexe parce que nous n’avons pas de limite d’horaire en soi. Nous avons un contrat à 35 h normal et moi je ne dépasse pas ce taux horaire là, par exemple. Mais si j’arrive à être productive, à travailler 4 h ou 5 h par jour, je peux et on a vraiment pas du tout de contraintes là dessus. Donc c’est assez chouette.

As-tu déjà télétravaillé dans d’autres destinations ?

Oui, je suis partie un mois et demi en Martinique et j’ai fait une semaine à Amsterdam. J’ai beaucoup fait la France également. L’année dernière, quand je suis rentrée, j’ai fait un petit tour de France, de la Bretagne, et du Sud, tout en travaillant justement.

C’était vraiment deux semaines intensives où j’ai bougé quasiment tous les jours et c’était cool de faire plusieurs endroits. Mais c’était aussi épuisant, surtout quand on travaille en même temps. Il y a la route mais aussi son travail à faire tous les jours. Si on va là-bas, c’est aussi pour visiter et profiter un peu. Donc c’était hyper intense. Je pense que c’est bien de rester au moins plusieurs semaines dans un endroit, de prendre le temps de visiter, de se recréer sa routine. Il faut penser à sa santé psychologique.

Ça ne t’a pas fait peur de partir seule sans connaître personne ?

Si ça fait peur. Mais j’ai réussi à me convaincre que c’est dans la tête. Les gens sont les mêmes que nous-mêmes à l’autre bout du monde. Il n’y a pas de raison d’avoir peur. En fait, là où tu dois aller, c’est indiqué. Avec ton téléphone tu fais tout, tu appelles des gens, tu retrouves des gens. C’est hyper simple de rencontrer de nouvelles personnes. Il y a des espaces de coworking, des espaces de coliving, des soirées entrepreneurs un peu partout. C’est vrai que ça fait peur, mais il faut penser à l’après, une fois qu’on y est.

As-tu des conseils sur comment assurer un suivi à distance des salariés ?

Il y a une confiance totale au sein de mon entreprise. En fait, si une personne ne travaille pas, une personne n’est pas impliquée, ça se voit. Enfin, ça se voit sur les tâches qu’elle réalise au quotidien. On a tous des manières, il y en a qui travaillent plus vite que d’autres, il y en a qui sont plus productifs que d’autres. Mais une personne qui profite énormément du télétravail donc pas forcément pour travailler, on le voit, ça se ressent.

Et en fait, nous, ce qu’on aime chez Markcopy, c’est que le fait d’avoir ressenti une totale confiance qui nous donne beaucoup plus envie d’être impliqué et de travailler pour cette entreprise là. Aujourd’hui, je sais que je ne supporte plus le contrôle, que je déteste ça maintenant. Et je sais que si quelqu’un était là à contrôler ça, ça me contrarierait beaucoup et ça me ferait faire le contraire. Après je pense que c’est un tout. Au sein de mon entreprise, on connaît tous le chiffre d’affaires, on sait ce que tout le monde fait. On connaît vraiment tout dans les moindres détails. Donc on est donc tous très impliqués.

Quelles sont selon toi les qualités à avoir en tant que télétravailleur ?

Je pense que quand on télétravaille, il faut aimer être seul. Si une personne veut aller télétravailler dans un coworking tous les jours, libre à chacun. Mais l’avantage aussi du télétravail, c’est justement de ne pas aller dans le même bureau tous les jours, c’est surtout avoir de la flexibilité. Donc je pense qu’il faut apprécier sa propre compagnie pour vraiment bien profiter du télétravail, et ça, c’est hyper important, il faut aimer être seul. Il faut également être très autonome aussi parce que du coup, si mon patron n’est pas là avec moi tous les jours, c’est pas pour que je le bombarde de questions H24 non plus. Il faut être avenant, force de proposition ou force d’idées. Et c’est là aussi où on a vraiment plus un rôle de salarié.

Je pense que les deux critères seraient vraiment d’aimer sa propre compagnie, aimer travailler seul, et être autonome.

Penses-tu que c’est une solution pour rester au sein d’une entreprise et éviter la routine ?

Oui  je pense que c’est une solution parce que ça permet vraiment à chaque personne de gérer son emploi du temps, de faire comme il le souhaite. Et ça, c’est top. Moi, je pense à quelqu’un qui a des enfants et qui doit les emmener à l’école à 8 h alors qu’il est censé commencer à travailler à 8h, c’est compliqué. Le télétravail flexible permet de travailler à l’heure que tu veux, être plus productif.

Quand tu es dans un bureau tu as la machine à café, tu as tes collègues qui viennent te voir, tu finis par discuter une demie-heure. Je ne dis pas que c’est pas bien, mais du coup, quand tu es en télétravail, il n’y a plus ces côtés là. Donc des fois, c’est nul parce que tu te retrouves seul à parler à toi-même. Et des fois c’est cool parce que justement, c’est beaucoup plus productif.

Je me rappelle un peu quand j’étais dans un bureau. Il n’y a pas une journée où je ne m’ennuyais pas parce que 7h, c’est trop, 7h dans un bureau assis. En fait, au bout de 5h, ton cerveau il n’en peut plus. Et moi je le vivais assez mal. Et là, le fait de se dire OK, je peux travailler 3h le matin, je vais à la plage entre midi et deux, après je travaille 2h. Si je finis, tant mieux. Si j’ai pas fini, tant pis, je retravaille ce soir. S’organiser comme ça, ça change vraiment beaucoup de choses et donc je pense que c’est mieux. C’est un réel avantage pour une entreprise le télétravail.

Le mot de la fin ?

Le télétravail est une expérience enrichissante, que je conseille vraiment. Il ne faut surtout pas faire comme les autres. Le truc qui est magique dans le télétravail, c’est la liberté et la flexibilité. Donc c’est pas parce que tu es en télétravail que tu dois te dire ok, je n’ai plus d’horaires de bureau parce que en télétravail, on peut faire ce qu’on veut. Si toi ton confort c’est de faire quand même des horaires de bureau, même si tu n’es pas dans un bureau, fais-le. En fait, il faut juste trouver son équilibre à soi. Ça, je pense que c’est vraiment la partie la plus importante. Moi, je suis tombée dedans aussi. Au début, on veut travailler tous les soirs parce que c’est trop bien. J’adore travailler le soir, mais en fait, tous les soirs, ce n’est pas possible. J’arrivais plus donc j’ai recréé un rythme normal et maintenant je fais du 9 h-17 h et des fois ça m’arrive de bosser le soir et du coup de me lever plus tard le lendemain. Il faut vraiment faire comme on le souhaite. Pour moi, c’est ça vraiment profiter du télétravail.

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