Terre ancestrale de nomades, le Kazakhstan s’apprête à accueillir une nouvelle génération de voyageurs itinérants : les travailleurs à distance. Dès novembre 2024, le pays d’Asie centrale lancera son “Neo Nomad Visa“, un permis de séjour d’un an destiné aux professionnels du numérique. Une première dans la région, qui pourrait bien faire des émules chez ses voisins.
Un visa taillé sur mesure
Annoncé par le président Kassym-Jomart Tokaïev en personne, ce nouveau visa cible les freelances et salariés pouvant exercer leur activité à 100% en télétravail. Condition sine qua non : justifier d’un revenu mensuel d’au moins 3 000 dollars américains. Les candidats devront également présenter un casier judiciaire vierge et souscrire une assurance santé internationale.
Pour l’heure, seuls certains secteurs d’activité sont éligibles : informatique, conseil, finance, marketing, design et e-commerce. Le gouvernement kazakhstanais n’a pas encore précisé si le visa serait renouvelable, ni s’il permettrait d’inclure conjoint et enfants dans la demande.
Côté fiscalité, rien n’est encore gravé dans le marbre. Actuellement, les non-résidents ne sont imposés que sur leurs revenus générés au Kazakhstan. Les résidents, eux, sont soumis à un impôt forfaitaire de 10% sur leurs revenus mondiaux. Reste à savoir quel régime s’appliquera aux détenteurs du Neo Nomad Visa.
Un pari économique
En lançant ce programme, le Kazakhstan espère attirer 500 nomades numériques par an.
De quoi générer, selon les estimations du ministère du Tourisme et des Sports, près de 7,3 millions de dollars de retombées économiques annuelles. “Ces personnes contribueront à l’économie kazakhstanaise sans pour autant concurrencer le marché du travail local“, souligne le ministre Yerbol Myrzabossynov.
L’initiative s’inscrit dans une tendance mondiale post-pandémie. Plus de 50 pays proposent désormais des visas similaires, courtisant une population estimée à 35 millions de travailleurs nomades à travers le monde. “Nous entendons créer toutes les conditions pour les attirer dans notre pays“, affirme M. Myrzabossynov. “Les villes d’Almaty et d’Astana figurent déjà dans le top 150 des destinations prisées par les néo-nomades.”
Vivre au Kazakhstan : mode d’emploi
Pour les futurs détenteurs du Neo Nomad Visa, le Kazakhstan offre un cadre de vie abordable, quoique plus onéreux que certains ne l’imaginent. Le coût de la vie y est comparable à celui du Brésil. Un célibataire peut s’en sortir avec 500 dollars par mois, mais les nomades numériques devront prévoir un budget plus conséquent, notamment pour le logement.
Où s’installer ?
À Almaty, ex-capitale et poumon économique du pays, les quartiers de Dostyk, Al-Farabu, Seyfullin et Makatayev sont prisés des expatriés. Ils offrent un accès facile aux parcs, bars et cafés. À Astana, la capitale actuelle, les secteurs de Mangilik El et du jardin botanique sont particulièrement recherchés.
Côté budget, comptez entre 700 et 1 000 dollars mensuels pour un appartement avec une chambre confortable. À Astana, certains expatriés rapportent avoir loué un logement moderne et meublé pour 20 à 40 dollars par jour, selon la durée du contrat.
Au quotidien
La sécurité ne pose généralement pas de problème majeur, à condition de rester vigilant. Les pickpockets et petits larcins existent, comme partout ailleurs. Les expatriés témoignent cependant d’un sentiment de sécurité global, notamment dans les grandes villes.
Niveau transports, les taxis pré-réservés restent l’option la plus sûre pour les nouveaux arrivants. Les “taxis gitans” sans compteur, où l’on négocie directement avec le chauffeur, sont toutefois monnaie courante et considérés comme fiables par les locaux.
Côté alimentation, privilégiez les produits locaux et de saison pour maîtriser votre budget. Les denrées importées peuvent vite faire flamber l’addition : un expatrié rapporte avoir déboursé 30 dollars pour deux mangues !
Le Kazakhstan, pays à majorité musulmane (65%) avec une importante communauté chrétienne orthodoxe, reste relativement conservateur. Si aucun code vestimentaire strict n’est imposé, mieux vaut opter pour une tenue respectueuse. Le respect des aînés est une valeur cardinale, et les rôles de genre traditionnels demeurent prégnants dans la société.
Un visa, et après ?
Pour ceux qui souhaiteraient tester les eaux avant de s’engager, sachez que 13 pays bénéficient actuellement d’un accord d’exemption de visa pour des séjours allant jusqu’à 90 jours. Parmi eux : l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie ou encore la Mongolie.